Actualités
Bordeaux une histoire de cépages, un livre sur les cépages anciens de Bordeaux
Le fruit d’une recherche sur les cépages anciens de Bordeaux
L’auteur, Jean Baptiste Duquesne, est le vigneron du château Cazebonne à Saint Pierre de Mons, un domaine en appellation Graves cultivé en biodynamie certifié Demeter. Il y réintroduit des cépages anciens de Bordeaux. Son livre paraîtra en juin 2021 aux éditions BBD mais quelques morceaux choisis sont accessibles sur le site de Cazebonne.
Voici la présentation de l’ouvrage par son auteur :
Les cépages actuels de Bordeaux, une histoire récente
Le vin de Bordeaux a bâti sa réputation mondiale sur 5 cépages rouges et 3 cépages blancs : Sauvignon, sémillon et Muscadelle pour les blancs; Merlot, Cabernet-Sauvignon, Cabernet-Franc, Malbec et Petit Verdot pour les rouges. 6 cépages si l’on compte la Carménère qui est autorisée, mais qui a pratiquement disparu de nos vignes.
Contrairement à ce que l’on pense, cette histoire est une construction récente. C’est la conséquence de la mise en place de l’appellation d’origine contrôlée, à partir de 1935. Mais elle ne fut effective qu’à partir des gelées de l’hiver 1956, qui ont détruit près de la moitié des pieds de vigne en Gironde.
Les crises du vin de Bordeaux et la mise en place de l’AOC
En reprenant le Château Cazebonne, en 2016, je me suis intéressé à cette histoire. 5 ans, à essayer de reconstituer le puzzle pour retracer ce qui s’est passé, comprendre les raisons qui ont présidé au choix de ces cépages.
Pour mieux comprendre les décisions, il m’a fallu me pencher sur l’histoire du vin de Bordeaux et, plus récemment, sur les crises successives qu’a connu le vignoble depuis le milieu du 19ème siècle : oïdium, phylloxéra, mildiou, crises de surproduction, première guerre mondiale… La surproduction et la mévente des vins au début du 20ème siècle, a amené l’Etat à légiférer, à intervenir dans la production de vin. Le vignoble français est passé d’une logique libérale où le vigneron plantait ce qu’il voulait, à une logique interventionniste de l’État. Cela a conduit à la mise en place des AOC.
Aujourd’hui, le système est comme figé autour des AOC. Les tentatives de réintroduction de cépages dans nos appellations restent timides. Pourtant les défis qui attendent le vigneron sont nombreux : réchauffement climatique, refus des pesticides de la part du consommateur, baisse de la consommation dans les pays occidentaux.
Je suis convaincu que notre patrimoine ampélographique nous apporte des opportunités. Il nous permet d’apporter des réponses aux attentes des consommateurs, tout en s’appuyant sur notre histoire. Pour revisiter le goût et l’avenir du vin de Bordeaux.
Réintroduire les cépages anciens de Bordeaux, un travail de patience
Nous replantons, un à un, les cépages qui ont existé à Bordeaux. Il nous reste à les apprivoiser, à comprendre comment conduire la vigne, mesurer leur sensibilité aux maladies, choisir les bonnes dates de vendange, apprendre à les vinifier. On verra alors lesquels présentent un intérêt pour l’avenir.
Les premières vinifications effectuées en 2020 sur les cépages Saint-Macaire, Mancin, Bouchalès, Castets et Jurançon noir, sont prometteuses.
Elles nous dévoilent une palette aromatique nouvelle pour Bordeaux, avec des arômes de fruit intense avec le Saint-Macaire et le Bouchalès) ; des cépages de belle finesse de tannins avec le Mancin et le Castets) ; mais surtout de belles acidités, notamment sur le Saint-Macaire et le Bouchalès.
Cela reste qu’une première vinification sur de jeunes plantes. Il faudra confirmer cela au fur et à mesure des millésimes. Et nous avons encore… une quinzaine de cépages anciens en plantation. Ils vont sûrement nous apporter encore de belles surprises dans les années à venir !